Aujourd'hui, je vais vous raconter mon expérience d'entrepreneur agricole en Afrique. On parle souvent de ce qu'il faudrait faire, mais peu de livres, d'ouvrages ou de blogs détaillent ou mettent en relief les expériences de entrepreneurs africains. Étant moi même un entrepreneur, j'ai souhaité partager mon expérience avec vous.
Tout d'abord, pendant que je poursuivais mes études de commerce et ingénieurie, j'ai souhaité lancer un entreprise dans mon pays, le Cameroun. A la recherche d'opportunités d'investissements, je regarde les secteurs disponibles. et je constate tout simplement que le marché agricole n'est pas desservi comme il faudrait. Le Cameroun consacre annuellement 25% du budget de l'État aux importations de nourriture. Cette structure économique est essentiellement de type exportateur, de grands exploitants agricoles européens et maintenant de plus en plus de chinois produisent pour exporter vers le marché extérieur. Les Camerounais ne mangent donc pas ce qu'ils produisent, pire c'est importé. La production qui reste dans le pays est soit de basse qualité nutritive ou tout simplement importée en vertu des accords avec l'UE. Personne ne produit pour les camerounais.
Je décide donc de me lancer dans le domaine. Je choisis alors le plantain. Pourquoi le plantain ? C'est une culture qui ne mets pas trop longtemps à mûrir, 1 an et demi en moyenne. C'est un produit qui est très prisé des Camerounais et qui est souvent cher par sa rareté sur le marché. Surtout les productions actuelles faites par les Camerounais n'exploitent pas au maximum le rendement possible de la terre camerounaise et de ses régions fertiles.
Comment changer ça ? Je m'associe à des proches de la famille qui font leurs études au même moment que moi. On décide de chercher déjà les terrains propices à la culture du plantain au Cameroun. On découvre un bel espace à quelques kilomètres de la capitale. L'affaire est lancée. On achète le terrain après de multiples précautions ( des escrocs peuvent parfois vendre des terrains qui ne leur appartiennent pas à l'aide de faux documents de titre foncier). Ensuite, il faut récupérer les plants, débroussailler le terrain et lancer la culture.
Là, je vais me heurter à une difficulté majeure : La motivation des salariés-collaborateurs. Le problème est en vérité culturel et de perception et de compréhension. Pour une personne comme moi ayant fait des études supérieures et baigné dans la culture Start-up US à travers mes lectures etc.., une start-up c'est du travail H-24, une mécanique de haute précision. La seule perspective du gain futur et cette idée de changer le monde suffit à me faire lever le matin. Pour l'ouvrier agricole camerounais non formé, l'agriculture, c'est artisanal. On plante, on arrose de temps en temps et on attends que ça pousse. Je vais me prendre une gifle monumentale. Ce qui est évident pour moi, c'est-à-dire la démarche scientifique inhérente à l'agriculture de planter, construire une serre, mesurer la température des plants, l'ensoleillement, le défrichage régulier et l'arrosage précis des plantes à intervalles réguliers n'est pas une évidence pour les ouvriers avec qui je travaille. Ils ne comprennent tout simplement pas pourquoi je me tracasse à faire cela ni pourquoi je leur demande de le faire. Je donne des instructions qui paraissent vide de sens à ces personnes. Le gap culturel-technique est criant. Il va donc falloir revoir ma façon de manager et superviser ces personnes et j'apprends.
Je vous raconterais les détails dans un autre épisode, mais après maintes péripéties plus marrantes les unes que les autres et moins marrantes également comme lorsque j'ai investi près de 2000 euros dans deux serres qui ont échouée parce que l'ingénieur agronome que j'avais embauché ne maitrise pas vraiment la plantation du plantain, je crois toucher du bois 2 ans après le démarrage de mon projet. Nous attendons les premières récoltes en Avril 2015. Touchons du bois et espérons que ça marche. Mon entreprise s'appelle Trade Serv Coop. retrouvez moi sur Facebook ici : https://www.facebook.com/pages/Tradeserv-coop/1438374826390782?fref=ts
A bientôt pour de nouvelles aventures :)
© Le Nouvel Africain
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