mercredi 17 septembre 2014

[LA BANQUE DE FRANCE S'EST ENRICHIE GRACE A L'ESCLAVAGE]



La Banque de France est fondée en 1800 sous l'égide de Napoléon. Dès le début, la plupart
des financiers, régents et censeurs qui lui apportent leur crédit « moral » et surtout financier, sont
des hommes d'affaires ayant des actions dans la traite ou des intérêts dans le commerce colonial,
plusieurs même étant de véritables planteurs ou négriers.

Se trouvent dans cette situation onze régents au moins sur les quinze que compte la banque
en 1800, et deux censeurs au moins sur trois. C'est le cas par exemple de :

-Alexandre Barrillon (planteur à Saint-Domingue, lutte les armes à la main pour défendre sa
propriété lors de la révolte de 1791)
-Pierre-Léon Basterrèche (financier travaillant à Bayonne dans le milieu des armateurs)
-Carié-Bézard (possède 100 actions dans la Compagnie des Indes)
-Jean-Pierre Germain (possède 70 actions dans la Compagnie des Indes)
-Journu-Auber (négrier avéré, et partisan du rétablissement de l'esclavage)
-Joseph Hugues Lagarde (a fait fortune dans le commerce colonial)
-Lecoulteux (possède 200 actions dans la Compagnie des Indes)
-Mallet aîné (possède 1086 actions dans la Compagnie des Indes)
-Claude Périer (possède 250 actions dans la Compagnie des Indes)
-Jacques-Rose Récamier (a des liens financiers avec la Compagnie des Indes et avec des maisons de
commerce à la Réunion)
-Jacques-Florent Robillard (a fait fortune dans la Manufacture des tabacs de Paris)
-Sabatier (possède 843 actions dans la Compagnie des Indes)

Perregaux lui-même, qui est à l'origine de l'institution, et qui devient le premier président de
la Banque de France, possède 200 actions dans la Compagnie des Indes. Bref, plus de trois quarts
des financiers de la Banque de France, à commencer par son premier président, sont liés au
commerce colonial et à la traite négrière.Et c'est la Banque de France elle-même qui a finalement recueilli les fonds issus de la liquidation de la Compagnie des Indes lorsque celle-ci fut dissoute en 1793. Par ailleurs, c'est aussi la Banque de France qui a recueilli en 1848 l'héritage de la Banque de Bordeaux, elle-même créée par Pierre Balguerie et issue du commerce triangulaire. Enfin, pour couronner le tout, le premier
siège de la Banque de France est l'hôtel Massiac, lieu de rencontre de la haute finance parisienne et
siège historique du lobby des planteurs de Saint-Domingue.
En d'autres termes, la banque de France est fondée par des capitaux en grande partie issus de
la traite négrière et du commerce colonial. Son président, ses régents, ses censeurs et jusqu'au choix
du siège, hôtel Massiac, tout révèle que c'est l'argent de la traite négrière et du commerce colonial
qui a servi de base à la Banque de France, laquelle a ensuite financé toute l'économie française
depuis plus de deux siècles.

Bref, l'esclavage n'a pas été mis en place par quelques bandits isolés, logés à Nantes ou à
Bordeaux. Il a été mis en place par le Code noire, rédigé par Colbert (que célèbre régulièrement
Arnaud Montebourg), et par les principaux financiers de la Banque de France. C'est la Banque de
France qui a financé l'économie française.

Près de 200 navires à destination de la Sierra Leone ont navigué de trois ports normands entre 1540 et 1578. Un renégat portugais, naviguant sous pavillon français comme Jean Alphonse, a été l'un des pionniers de la mise en place du "commerce triangulaire" entre l'Afrique, le Nouveau Monde et l'Europe .

Le gouvernement français a cherché à promouvoir des économies de plantation dans ses colonies des Antilles. Avec un capital, au crédit, à la technologie - et les esclaves - empruntés aux Pays-Bas, ces îles ont commencé à prospérer en tant que centres d'exportation de sucre. Les Hollandais ont établi le premier succès moulin à sucre françaises en 1655. En 1670, la Martinique, la Guadeloupe et Saint-Christophe avaient 300 exploitations sucrières.

Réalisant que l'esclave était la clé pour cela, le monopole de la Compagnie des Indes Occidentales, en grande partie financé par l'Etat, a été organisé en 1664. Une flotte française a pris de nombreuses usines aux Néerlandais à Goré et la Sénégambie dans les années 1670. En 1672, le gouvernement français a offert une prime de 10 livres par esclave transporté vers les Antilles françaises. Cela a entraîné la formation d'une deuxième société de monopole, la Compagnie du Sénégal  fondée en 1673. En 1679 elle comptait 21 navires en service .

Les bénéfices totaux de l'esclavage français au 17ème siècle étaient inférieurs à ce qu'ils auraient pu être en raison de l'incompétence, de faillites, et la mauvaise gestion et les règles strictes royales sur l'achat ou vente à d'autres empires. En 1720, cependant les négociants privés français avaient brisé les monopoles et la traite des esclaves a explosé sous le drapeau français .

Au cours des seules années 1730, les Français ont expédié probablement plus de 100.000 esclaves d'Afrique. Le gouvernement a augmenté la prime par esclave livré à 100 livres, et en 1787 haussé à nouveau à 160 000. Par les années 1760, le nombre moyen de navires esclavagistes qui quittent les ports français était de 56 par an, avec en moyenne 364 esclaves par bateau. La Banque de France a été la pierre angulaire du commerce d'exportations agricole français, notamment dans le domaine du sucre et des épices.


Sources : 
  • Romuald Szramkiewicz, Les Régents et censeurs de la Banque de France nommés sous le Consulat et l'Empire, coll. « Hautes études médiévales et modernes » n°22, Genève, Droz, 1974 (ISBN 978-2600033732).
  • Louis Bergeron (1978), Banquiers, négociants et manufacturiers parisiens du Directoire à l’Empire, Éditions EHESS, 1999 (ISBN 978-2-7132-1285-7)
  • http://pyepimanla.blogspot.fr/2014/05/la-banque-de-france-fut-cree-avec.html


© Le Nouvel Africain 

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