mardi 14 octobre 2014

[L'ART SPIRITUEL AFRICAIN]

J'ai visité ce Dimanche la collection Afrique du Musée des Arts Premiers. En vérité, l'art pour l'art n'existait pas en Afrique jusqu'à la période récente du 20ème siècle. L'art a toujours eu une fonction spirituelle profonde. C'est le développement des musées européens issus du pillage culturel de l'Afrique et du tourisme "ethnologique" qui a produit l'art pour l'art en Afrique. Néanmoins, il reste des vestiges somptueux de l'art originel issu des différentes régions d'Afrique. Un des lieux indiqués pour le découvrir est le Musée des Arts Premiers Quai Branly à Paris. Je passe sur le pourquoi des oeuvres africaines dans les musées parisiens, les réponses sont évidentes. L'entrée du musée est gratuite donc ceux qui ont la possibilité de s'y rendre auraient tort de ne pas le faire.

Dans ma visite, je me suis arrêté devant plusieurs oeuvres, non pas que certaines étaient plus dignes d'attention que d'autres mais il faut avouer que certaines ont fortement retenu mon attention. Notamment celle du Dahomey. Au milieu de l'exposition Afrique, trône le siège royal du Danhomey. C'est le trône au milieu de la photo. Il est extrêmement triste à mon avis que ce soit assis ainsi à titre d'ouvrages d'art alors que c'est un véritable pan d'histoire africaine qui a survécu au sac de la ville de Cana lors de la dernière guerre du Danhomey où le Général Dodds commandant les troupes françaises a mis à sac le palais du Roi du Danhomey.



Le Danhomey est un des derniers royaumes qui a le plus farouchement lutté contre la présence coloniale française, avant l'entrée dans le 20ème siècle. Le Royaume de Dahomey ou Royaume du Danhomè en langue fon est un ancien royaume africain situé dans le sud-ouest de l'actuel Bénin entre le xviie siècle et la fin du xixe siècle. Le Danhomè se développe sur le plateau d'Abomey au début des années 1600 et devient une puissance régionale au xviiie siècle en conquérant des villes clés sur la côte Atlantique, en particulier le port de Ouidah. Pendant la majeure partie des xviiie et xixe siècles, le royaume du Danhomè est un État régional important, qui met fin au bout du compte à son statut de tributaire du Royaume d'Oyo et devient un lieu majeur de la traite des esclaves atlantique, on estime à près de 20% des esclaves en Europe et en Amérique. En 1894, le royaume est intégré à l'Afrique-Occidentale française comme colonie du Dahomey. Le pays devient indépendant en 1960 en tant que République du Dahomey, avant de devenir République populaire du Bénin en 1975, puis République du Bénin en 1990.

Le royaume du Danhomè est une puissance régionale importante dotée d'une économie domestique organisée, un commerce international significatif avec les pays européens, une administration centralisée, un système d'impôts et une armée organisée mixte dont la partie féminine, les Amazones (ou agojié) est permanente.

Ci dessous voua avez le siège de Cana qui est le siège symbole de la puissance du Roi de Cana, roi vassal du Roi du Danhomey.

La statue suivante est une statue à caractère spirituel. Elle représente la puissance du Roi Gbéhanzin. Les combattants de son armée avaient l'habitude de vouer allégeance au Roi devant cette statue. Le requin gbowele, dont la colère rend la mer trouble, symbolise le roi Béhanzin et porte ce message, faisant allusion à l’agression des troupes françaises : « Quiconque se hasardera à aborder la côte verra le requin détruire son bateau. »




« Ces statues grandeur nature étaient censées se déplacer et parler. Sur leur surface étaient appliquées des matières-talismans qui donnaient un pouvoir à l’objet. » (S. P. Blier, 1998) Les soldats promettaient la victoire à la statue avant de partir en guerre. Celle-ci était aussi placée en tête de l’armée pour faire fuir les ennemis. D’après Léonard Ahonon, conservateur du musée d’Abomey, cette statue aurait été réalisée par l’un des membres de la famille Houeglo, dont les descendants, installés au quartier Mougnon, perpétuent encore la pratique de la sculpture.

Pour ce qui est de la photo ci-dessous, d’après Bernard Maupoil, il s’agit là de la robe du migan Xagla, premier ministre de Ghézo (1818-1858). Sur le devant, on distingue un crâne de bouc, où le miganbuvait de l'alcool en privé, avant les sacrifices. À l’intérieur, se trouve une mâchoire humaine, sur laquelle on absorbait la poudre de force. La tête de bouc a été badigeonnée de sang humain. Cette robe était portée lorsqu’un roi ennemi ou un individu particulièrement redoutable allait être exécuté. Tissée par les Gnimavo et cousue à la main par les Yémadjé, sa technique de tissage révèle l’influence achanti et yoruba.


Tunique de premier ministre, style fon, entre 1818 et 1858, coton, os, 71.1936.21.66, musée du quai Branly, don Bernard Maupoil

Sources : http://gradhiva.revues.org/987
http://www.quaibranly.fr/fr/collections/les-collections-de-reference/afrique.html#top
http://fr.wikipedia.org/wiki/Royaume_de_Dahomey

© Le Nouvel Africain 

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