mercredi 22 octobre 2014

[POURQUOI LES PAYS ANGLOPHONES S'EN SORTENT MIEUX]

Outre la question de la monnaie, les pays anglophones africains ont leur propre monnaie et les pays francophones non, il n'en demeure pas moins que en dépit de ce handicap, les pays africains francophones devraient mieux se porter et ce n'est pas le cas. Pourquoi ?



Cela tient essentiellement à la structure de la société selon mon analyse et surtout à l'héritage socio-étatique de ces pays. Les pays anglophones sont des anciennes colonies ou protectorats britanniques. Les Britanniques sont connus pour être les Pères du libéralisme en Europe, ce qui signifie que même dans leurs colonies, ils n'ont pas aussi profondément bouleversé la structure des sociétés que la France. Les structures de pouvoir et de société locales sont restées en place, selon le principe de l'Indirect Rule. Le résultat de cela est que les sociétés des pays anglophones ont intégré le libéralisme économique comme structure économique. Notamment, l'esprit d'entreprise est renforcé avec l'idée qu'on peut devenir riche par l'entreprise. Même pendant la colonisation, certains Africains sont parvenus à émerger comme de très riches marchands faisant concurrence aux compagnies coloniales britanniques. Cela signifie donc, qu'il y a eu au sein des sociétés africaines anglophones, un apprentissage des ressorts du libéralisme et de la mondialisation naissante.



Au contraire, la colonisation française est une colonisation étatique, qui avait comme leitmotiv de briser les structures sociales en place pour éviter la possibilité même de révoltes. Le résultat dans les pays africains francophones est celui que l'on voit en Afrique Centrale et de l'Ouest notamment et qui est à l'image de ce qui existe en France. Il existe une bourgeoisie d'Etat, des fonctionnaires qui contrôlent le pays. Le résultat est donc clair : Lorsque la bourgeoisie d'Etat est inefficace, il n'y pas de secteur privé capable de concurrencer, ce qui est un frein considérable à l'économie.

Regardez la France à l'heure actuelle et vous verrez que la situation de la France est très proche de celle des pays africains francophones. La bourgeoisie d'Etat en France est issue de l'ENA et Polytechnique. Elle occupe et s'échange la totalité des postes d'administration des entreprises ainsi que dans la politique. Dans le privé, la bourgeoisie d'Etat est si bien installée qu'aujourd'hui sur 40 entreprises du CAC 40, 39 sont dirigées par des anciens Enarques. De l'autre côté en politique, observez le paysage politique de la France depuis 20 ans. Il n'a pas changé d'un iota. vous me direz : "Oui mais en France au moins le Président change". Ce qui n'a aucune importance puisque le Président est la figure de proue de la bourgeoisie d'Etat. Regardez et vous verrez. C'est ce blocage qui crée l'incapacité à trouver de nouvelles idées, à envisager le monde autrement qui a produit le retentissant 0% de croissance de 2014 en France. Sur la photo ci dessous vous reconnaitrez des personnalités politiques françaises de la promotion Voltaire de l'ENA qui occupent de hauts rangs dans politique française aujourd'hui.



C'est ce qui se produit dans les pays Africains francophones. La bourgeoisie d'Etat concentre les pouvoirs. Cela signifie pas pour autant qu'il n'y a pas de noeuds de pouvoir dans les pays africains anglophones, il en existe tout autant mais la différence vient du fait qu'ils n'ont pas la main mise sur le secteur privé. Raison pour laquelle vous avez des Aliko Dangote, Mike Adenuga, etc... au Nigeria, et des entrepreneurs de calibre mondial, qui peuvent émerger et peser sur l'économie de leur pays, alors que dans des pays comme le Cameroun, les hommes d'affaires qui tentent d'émerger sont soit brisés ou mis au pas et obligés de se cacher presque. Car l'ennemi n°1 du fonctionnaire tout puissant, c'est l'homme d'affaires privé. Le fonctionnaire a une facheuse tendance à toujours vouloir rester à son poste le plus longtemps possible et ne lui demander pas de changer son comfort, c'est hors de question.

C'est mon opinion sur le sujet en tout cas. Est-ce à dire qu'il aurait mieux valu être colonisé par les Anglais ? Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Je ne suis pour aucune colonisation, les Africains n'ont pas attendu les anglais pour entreprendre mais je tire les constats à partir de mes observations des sociétés africaines. voilà tout.

© Le Nouvel Africain

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